Sauvetage d'un lamantin au Sénégal

J’ai lu dans la revue 30 Millions d’Amis du mois de juin 2006 un reportage très émouvant sur le sauvetage d’un jeune lamantin baptisé Kanel, du nom d’un village du Sénégal.


Les lamantins, de l’ordre des siréniens, sont de gros mammifères aquatiques herbivores placides et totalement inoffensifs. On les rencontre plus souvent dans les eaux douces et chaudes des estuaires que dans les eaux salées. Un lamantin peut manger 6 à 8 h par jour et avaler 8 à 15 % de sa masse corporelle grâce à un intestin de 40 à 45 m de long qui favorise la fermentation de la cellulose ; il ne peut affronter de longues périodes de jeûne. Sa température interne est de l’ordre de 36,4°. Dès que l’eau devient trop froide il ne peut faire face à la dépense énergétique nécessaire au maintien de la température du corps. Appelé parfois « vache de mer » il ne rumine cependant pas. Chassés pour leur viande et victimes des hélices des navires, en particulier des hors-bords, les lamantins figurent sur la liste rouge des espèces menacées. La construction de barrages et les projets d’irrigation menacent dangereusement leur habitat.

On distingue :

- le lamantin des Antilles (trichechus manatus)
- le lamantin de Floride (trichechus manatus latirostris) qui est une sous-espèce du lamantin des Antilles
- le lamantin d’Afrique (trichechus senegalensis) très semblable au lamantin des Antilles et qui fréquente les eaux douces dont la température ne descend pas au-dessous de 18°
- le lamantin de l’Amazone (trichechus inunquis) qui fréquente des eaux de 25 à 30°.
- le dugong (dugong dugong) qui est le plus répandu des siréniens.

Les premiers vivent dans les fleuves et rivières et ont une queue en forme de spatule. Les dugongs ont une queue semblable à celle des dauphins et ils sont nettement plus marins que les lamantins.

Une autre espèce, la rhytine, a totalement disparu en 1768, 50 ans seulement après avoir été découverte !



L’Ouest de l’Afrique souffre de la sècheresse et il arrive malheureusement que des lamantins se laissent prendre au piège des eaux boueuses des marigots. Les marigots sont les bras morts des fleuves dans les régions tropicales et le manque de précipitations provoque l’assèchement de ces marigots.


Peu avant Noël 2005 un pêcheur découvre un large trou béant dans un de ses filets et il comprend immédiatement que des lamantins doivent se cacher dans les eaux sombres et boueuses. Il est cependant extrêmement difficile de les voir et le pêcheur sait que pour sauver un lamantin en perdition la solution est de le prendre dans un filet pour le sortir et le remettre ensuite dans des eaux plus profondes. Mais la tâche est ardue.

Peu à peu la nouvelle se répand. Tous les hommes des villages environnants guettent la moindre présence de l’animal. A Dakar la capitale, des hommes d’Océanium, et en France des hommes de Noé Conservation se mobilisent.

Les semaines passent et le 1er avril de cette année (et ce n’est pas un poisson), l’un des lamantins se laisse finalement prendre dans les filets. Il faut le hisser sur un camion pour l’emmener dans des eaux plus profondes. Pour cela il faut parcourir 15 km de routes de brousse en très mauvais état. Il faut faire très vite, la chaleur atteignant 47° à l’ombre. On l’enveloppe dans des linges humides pour éviter la déshydratation et on profite du trajet pour lui fixer une balise Argos qui permettra de le suivre et d’apprendre à mieux connaître ses besoins.

Vous pouvez suivre ce sauvetage et admirer de belles et émouvantes photos en allant sur :

http://www.wetlands.org/Africa/fr/getfilefromdb.aspx?ID=6941c563-2ab3-4aca-8c99-10f3974cfacf

Les populations prennent peu à peu conscience de la nécessité de prendre part à la sauvegarde des espèces menacées et cela me conforte dans ma conviction que l’éducation des enfants et des populations est primordiale.

http://www.liberation.fr/actualite/terre/200621.FR.php

J'ai tiré mes sources sur les lamantins dans Vie Sauvage, Encyclopédie Larousse des Animaux.

C'est une jolie histoire !
Merci pour les renseignements , je ne connaissais pas cet animal .

merci pour ce reportage. Preuve est que lorsque l'on veut, l'on peut. J'ai adoré le premier lien. Je n'imaginais pas que ce sauvetage avait mobilisé tant de personnes et qu'il fût un tel évènement pour eux.

Quant à la reconversion du fils de chasseur en sauveteur, elle est exemplaire. Il existe un autre cas également au canada. Un ancien trappeur a créé un centre d'accueil et de soins pour la faune sauvage et il y soigne et chouchoute tous les animaux qui en ont besoin. J'ai beaucoup d'admiration pour ces gens.